tour sarrazine de Montaren (XIIe siècle)

Doyenne du village de Montaren qu’elle surplombe depuis près de 1000 ans

la tour dite « sarrazine » n’a vraisemblablement de sarrasine que ce que le romantisme du XIXe lui a donné comme surnom, en référence aux édifices en pierre construits par les sarrasins dans notre région, qu’ils dominèrent aux VIIIe  siècle de notre ère.

En l’état de l’étude archéologique du bâti réalisée en 2013, la tour a pu être datée du XIIe siècle.

On en trouve la mention dès le XIIIe siècle probablement en tant que castrum (structure médiévale où l’espace est partagé, d’un côté une zone seigneuriale, de l’autre une autre les habitants d’un petit bourg accueillant les habitants, dont la distinction se retrouve dans le parcellaire actuel. Elle constituait alors le premier château-fort de Montaren dont elle est aujourd’hui l’unique vestige.

Vue de Montaren, aquarelle, 1913, collection privée

extrait des compoix de Montaren (XVIIe et XVIIIe siècles), Archives Départementales (30)

Ce n’est qu’à partir du XVIe siècle qu’elle devient véritablement un lieu d’habitation

Sa fonction militaire n’est pas clairement attestée puisqu’en lieu et place d’archères (meurtrières), la tour sarrazine ne dispose que de jours permettant d’éclairer les étages.

Moult fois remaniée au fil des siècles, elle appartient consécutivement à nombre de seigneurs de Montaren (dont les familles de Toulouze, seigneurs de Foissac; de Joyeuse), qui l’aménagent chacun en fonction de leurs possessions voisines et ce n’est qu’à partir du XVIe siècle qu’elle devient véritablement un lieu d’habitation comme en témoignent les éléments de confort qui y apparaissent : tour-escalier, cheminées, latrines…

Selon un texte du XIVe siècle, ce donjon fut occupé en alternance par les nombreux coseigneurs du lieu,

avec une autre tour qui se trouvait initialement à l’emplacement du château actuel construit au XVIIe, certainement comme symbole de leur pouvoir local.

Par ailleurs, ces deux édifices furent la propriété d’une même famille : les Puget (à la fin du XIXe siècle) et ont été fortement restructurés dans le même esprit romantique, modifiant profondément l’organisation du centre ancien.

La façade du logis sud de la tour témoigne en particulier d’une réduction importante et reconstruction opérées aux fins de permettre la création de circulations entre les bâtiments.

extrait des compoix de Montaren (XVIIe et XVIIIe siècles), Archives Départementales (30)

Angle sud-ouest de la tour, 1907

Les cours et jardins d’aujourd’hui étaient il y a encore 200 ans les passages et soustets permettant de circuler à l’intérieur du fort.

Les fenêtres trilobées à angelots ou les cintres de style roman des sous-œuvres ne sont que des réemplois du début du XXe siècle, de même que le faux-puits sur la placette de la tour sarrazine qui fut déplacé là afin de libérer la circulation de la rue du fort et de l’arcade.

Il faut en effet se représenter que le centre du village de Montaren étant très dense, les voies anciennes étaient sans commune mesure avec les rues actuelles.

Les cours et jardins d’aujourd’hui étaient il y a encore 200 ans les passages et soustets permettant de circuler à l’intérieur du fort.